L’arrêt cardiaque en Europe et en France –Les chiffres clés et État des lieux 2025
L’arrêt cardiaque demeure, en 2025, l’une des principales causes de mortalité en Europe et dans le monde. À l’occasion du Congrès des Lignes directrices sur la réanimation cardio-pulmonaire, le Conseil Européen de Réanimation (ERC) a publié ses nouvelles recommandations 2025 sur l’épidémiologie de la réanimation.
Ces données, issues des registres européens et des travaux de l’ILCOR, offrent une vision précise des tendances actuelles, des progrès réalisés et des inégalités persistantes.
L’arrêt cardiaque : une réalité encore trop fréquente
Chaque année, près de 55 personnes pour 100 000 habitants sont victimes d’un arrêt cardiaque extra-hospitalier (ACEH) pris en charge par les secours. En moyenne, les patients ont 67 ans et les hommes représentent environ 65 % des cas, avec des variations selon les pays : 68 % en France et en Norvège, contre environ 60 % en Italie.
En France, la majorité des arrêts cardiaques surviennent à domicile (environ 70 %), rendant la rapidité de l’intervention souvent plus difficile.
Des témoins essentiels mais inégalement formés
L’un des points clés du rapport 2025 est le rôle crucial des témoins. En Europe, le taux de RCP pratiquée par un témoin varie de 13 % à 82 %, avec une moyenne de 58 %.
La France fait partie des pays où la présence de témoins est la plus fréquente (près de 70 % des cas), mais cela ne garantit pas toujours une prise en charge efficace : la formation du grand public et la mise à disposition des DAE restent déterminantes.
L’utilisation d’un défibrillateur automatisé externe (DAE) avant l’arrivée des secours reste encore trop faible. Selon les pays européens, elle varie de 2,6 % à 59 %. En France, bien que le nombre de DAE disponibles augmente, leur usage demeure limité, notamment dans les domiciles privés où se produisent la majorité des arrêts cardiaques.
Les systèmes de “first responders”, présents dans 17 pays européens, dont la France (application SauvLife), permettent désormais d’alerter rapidement des citoyens formés à proximité, et améliorent nettement les chances de survie.
L’arrêt cardiaque : des causes majoritairement médicales
En Europe, 91 % des arrêts cardiaques sont d’origine médicale, principalement cardiaque. Les causes traumatiques, les surdoses, la noyade ou l’électrocution sont minoritaires.
En Suède, la part des arrêts cardiaques d’origine cardiaque est passée de 80 % en 1990 à 58 % en 2020, une tendance également observée en France. Chez les jeunes adultes, les surdoses et les suicides deviennent des causes croissantes.
Les données les plus récentes révèlent aussi qu’une cause génétique est identifiée dans jusqu’à 25 % des cas d’arrêt cardiaque chez les moins de 50 ans. Pourtant, les autopsies avec analyses génétiques ne sont pas encore systématiques en France, alors qu’elles pourraient prévenir d’autres drames familiaux.
Les chiffres de la survie de l’arrêt cardiaque : un défi collectif
Malgré les progrès, les taux de survie restent modestes.
En Europe, la survie globale après un arrêt cardiaque extra-hospitalier est de 7,5 %, avec d’importantes disparités : certains pays nordiques atteignent 30 à 40 % de survie dans les cas témoins avec rythme choquable (groupe Utstein).
En France, la survie globale est de 4,9 %, l’un des taux les plus bas d’Europe occidentale. Ce chiffre s’explique notamment par un retard de défibrillation et des gestes de RCP encore trop peu réalisés par le grand public.
À l’hôpital, l’incidence est estimée entre 1,5 et 2,8 arrêts pour 1 000 admissions, avec des taux de survie très variables (de 27 % à 62 % selon l’organisation des services).
Le numéro d’urgence standardisé 2222, recommandé pour les arrêts intra-hospitaliers, n’est appliqué que dans 2 % des pays européens. En France, sa mise en place reste encore inégale selon les établissements.
Les inégalités face à la réanimation
Les données 2025 mettent également en lumière de fortes disparités selon le genre, l’origine et le niveau socio-économique.
Les femmes reçoivent 27 % de moins de RCP par un témoin que les hommes et présentent des taux de survie plus faibles.
Les zones rurales ou défavorisées disposent de moins de DAE et connaissent des délais d’intervention plus longs.
Aux États-Unis, des différences similaires sont observées entre populations blanches, noires et hispaniques — un constat qui invite les pays européens à renforcer leurs politiques d’équité en santé.
Le groupe international WISER (Women In Science of Emergency and Resuscitation) milite d’ailleurs pour une représentation plus équitable des femmes dans la recherche et les décisions liées à la réanimation.
Après la survie : le parcours du patient
Les survivants d’un arrêt cardiaque nécessitent souvent un accompagnement médical, neurologique et psychologique.
Près de 95 % des patients expriment le besoin d’un suivi post-hospitalier pluridisciplinaire, mais seuls :
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1 sur 3 bénéficie d’une réhabilitation cardiaque,
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1 sur 10 d’une réhabilitation neurologique.
Jusqu’à 50 % des survivants présentent des troubles cognitifs ou émotionnels persistants. En France, la mise en place d’un parcours post-réanimation structuré reste une priorité pour améliorer la qualité de vie à long terme.
Des registres pour mieux comprendre et progresser
Neuf pays européens, dont la Norvège, la Suède et la Suisse, disposent d’un registre national complet des arrêts cardiaques. Ces registres sont essentiels pour analyser les données, identifier les écarts et orienter les politiques de santé.
La France dispose de bases de données régionales, mais leur couverture nationale et leur exhaustivité restent à renforcer.
L’arrêt cardiaque, un constat : la France a les atouts, mais doit transformer l’essai
Les Lignes directrices 2025 montrent que la France dispose d’une base solide :
beaucoup d’arrêts sont observés par des témoins, les secours sont rapidement alertés, et la formation des professionnels progresse grâce à des dispositifs comme l’AFGSU et le SST.
Mais le constat est clair :
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trop peu de RCP immédiates,
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trop peu de DAE utilisés à domicile,
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un suivi post-réanimation encore insuffisant.
Conclusion – Former, équiper, harmoniser
L’amélioration de la survie passe par des actions simples mais structurantes :
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Former massivement le grand public et les professionnels aux gestes qui sauvent (RCP, DAE).
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Déployer les DAE sur tout le territoire, notamment dans les lieux de vie quotidienne.
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Uniformiser la réponse hospitalière (numéro 2222, protocoles nationaux).
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Créer un parcours post-arrêt cardiaque avec suivi multidisciplinaire.
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Réduire les inégalités d’accès à la réanimation et à la formation.
Chaque minute compte lors d’un arrêt cardiaque.
La formation aux gestes qui sauvent n’est pas seulement une compétence, c’est un acte citoyen.
QualiSanté Formation s’engage à accompagner les professionnels de santé et les entreprises dans cette démarche, pour renforcer la chaîne de survie et sauver davantage de vies. Vous êtes formateur AFGSU et vous souhaitez rejoindre une équipe engagée et dynamique, n’hésitez pas à nous contacter.